Une étude première en son genre, menée sous la direction du Prof. Yossi Yovel de l’Ecole de zoologie de l’Université de Tel-Aviv, et Directeur de l’Ecole des neurosciences, montre comment les mamans chauve-souris apprennent à leurs petits à s’orienter et à voler de manière autonome, dans un processus étonnant similaire à celui par lequel les jeunes enfants apprennent leur chemin pour se rendre à l’école et en revenir. L’étude, réalisée grâce à de minuscules GPS fixés sur les mammifères volants, permet de comprendre comment ceux-ci aident leur progéniture à acquérir les aptitudes cruciales à leur survie.
Les résultats de la recherche, à laquelle ont également participé les Dr. Aya Goldshtein et Lee Harten du laboratoire du Prof. Yovel, ont été publiés dans la revue Current Biology.
Pour la réaliser, les chercheurs ont fixé de minuscules GPS munis d’accéléromètres qui mesurent le mouvement des ailes, sur des dizaines de bébés chauves-souris frugivores et sur leurs mères, et ont suivi leurs déplacements. Ils ont ainsi pu identifier plusieurs étapes dans le développement de la capacité d’orientation des jeunes chauves-souris.
Une «nurserie» qui sert de point de repère
« De nombreux animaux doivent développer des compétences autonomes dès leur plus jeune âge pour survivre », explique le Prof. Yovel. « Pour les animaux volants, la capacité à s’orienter de manière autonome vers les sources de nourriture est un élément vital pour leur indépendance. Ainsi par exemple, les jeunes chauves-souris frugivores doivent s’orienter chaque nuit, parfois sur des dizaines de kilomètres, pour trouver un arbre ou un groupe d’arbres fruitiers comestibles. Lorsqu’elles ont rempli leur mission, elles doivent encore être capables de rentrer vers la grotte où loge leur colonie. Dans notre étude, nous avons chercher à comprendre comment elles le font ».
« Nous avons découvert que dans une première étape, entre la première et la troisième semaine de vie, la mère et son bébé sont constamment attachés, et elle le porte pendant toute la nuit, accroché sous son ventre », poursuit le Dr. Harten. « Le GPS nous a indiqué que la mère et le bébé se trouvaient au même endroit, et les accéléromètres mesurant le mouvement des ailes ont prouvé que le bébé était bien porté par la mère et non derrière elle. Il est possible que ses yeux soient ouverts et qu’il rassemble des informations en étant passivement transféré d’un lieu à l’autre. Dans un deuxième stade, jusqu'à l'âge d'environ 10 semaines, la mère porte son petit jusqu'à un arbre particulier, situé à moins d'un kilomètre de la grotte, qui lui sert en quelque sorte de « jardin d’enfant ». Elle le dépose là, parfois seul, parfois à côté d’un « ami » de son âge, et poursuit son chemin en quête de nourriture. Plus tard, elle le récupère de « l’école » et rentre avec lui à la maison. Peu à peu, le petit commence à voleter dans les environs du « jardin d’enfants » vers les arbres voisins, en élargissant constamment ses cercles de navigation. Nous pensons que l'arbre « nurserie » est choisi par la mère comme point de départ, comme une sorte de point de repère pas trop éloigné de la grotte, et à partir duquel le bébé peut s’orienter par lui-même vers d'autres endroits. L'arbre sert également de point de rencontre pour la mère et le bébé si celui-ci se perd ».
L'«apprentissage » par les parents fait économiser des millions d'années à l'évolution
« A l’étape suivante, la mère laisse le petit à la grotte, et il doit sortir lui-même. S’il n’en prend pas l’initiative, elle revient à l’étape précédente et le ramène à « l’école », ajoute le Dr. Goldshtein. « De plus, à la fin de la nuit, elle vérifie qu’il est bien rentré à la grotte, et s’il est en retard, elle va le chercher sur l’arbre qui sert de point de rendez-vous et l’aide à rentrer à la maison. A la fin, vers l’âge de 10 semaines, le petit est totalement indépendant, et s’envole chaque nuit tout seul pour aller chercher sa nourriture. Au début, il se rend vers l’arbre qui lui est connu, puis continue dans les environs proches, et élargit progressivement son champ de navigation ».
« Une des conclusions intéressantes de cette étude, est qu’à aucun moment le petit ne vole derrière sa mère », conclut le Prof. Yovel. « Au début, elle le porte, et il apprend à s’orienter « sur le siège arrière ». Ensuite, il s'entraîne seul, en cercles concentriques autour de l'arbre familier, qui lui sert de point d’ancrage ou de repère. Il est important de noter que le processus par lequel les jeunes apprennent de leurs parents peut économiser à l'évolution des millions d'années. Chez les humains, les enfants dépendent largement de ce type d'apprentissage, et la présente étude montre que les animaux font de même ».
Photos:
1. 2. : Mères chauves-souris avec leur bébé
3. : le Prof. Yossi Yovel
(Crédit: Unversité de Tel-Aviv)
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