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Commémoration du Yom Hashoah à l’Université de Tel-Aviv

A l’occasion du Yom Hashoah, la Journée de commémoration de l’Holocauste en Israël, qui marquait cette année le 80e anniversaire de l’insurrection du Ghetto de Varsovie, le Forum de culture française de la Faculté des Lettres de l’Université de Tel-Aviv a accueilli la nièce d’Hélène Berr, Mariette Job, pour la présentation de son ouvrage Dans les Pas d’Hélène Berr, dans lequel elle relate la difficile genèse de la publication du Journal intime de sa tante, morte à l’âge de 24 ans à Bergen-Belsen. La conférence, présidée par le Prof. Nadine Kuperty-Tsur, a été suivie d’un entretien de Mariette Job avec Karine Baranès-Bénichou. Cet évènement émouvant a précédé une percutante présentation du Prof. Silvia Adler de l’Université de Bar Ilan, dans le cadre du groupe de recherche ADARR de l’Université de Tel-Aviv, sur le thème des analogies dans les romans graphiques (bandes dessinées) traitant de la Shoah.

conf shoah 23 mariette livre« L’histoire n’est pas statique, elle se réécrit à la lumière du présent », a relevé le Prof. Nadine Kuperty-Tsur, Directrice du Programme de culture française de l’Université de Tel-Aviv et du Centre Daniel Abraham pour les études internationales et régionales. Après avoir remercié l’Institut français d’Israël et son directeur Georges Diener pour sa participation à l’organisation de la rencontre, le Prof. Kuperty-Tsur, présente un bref panorama de la communauté juive de France à la veille de la deuxième guerre mondiale : 330 000 Juifs dont 130 000 possédant la nationalité française et 200 000 étrangers, auxquels il faut ajouter les 370 000 Juifs d’Algérie, du Maroc et de Tunisie inclus dans l’empire colonial français. 40 000 Juifs sont engagés dans l’armée française.

«Horreur, horreur, horreur»

Le 27.07.40, les Juifs de France doivent s’inscrire au commissariat de leur quartier. La moitié seulement se déclarera. Le 4.10.40, les Juifs ne peuvent plus occuper de professions libérales, ni tenir des commerces ou se promener dans les jardins publics. Ils doivent monter dans le dernier wagon du métro. En mars 1941 est créé le Commissariat général à la question juive, responsable de la propagande du régime de Vichy et de la liquidation des biens des Juifs. En mai 1941 débutent rafles et déportations. Le 29 mai 1942 les Juifs doivent porter l’étoile jaune. Le 26 aout 1942 13 000 Juifs sont arrêtés au Vélodrome d’Hiver, rafle dont la France ne reconnaitra la responsabilité qu’avec le discours de Jacques Chirac en 1995. Entre 1941 et 1944, 70 000 Juifs seront internés à Drancy et de là, déportés à Auschwitz.

Conf Shoah 23 NadineC’est dans ce cadre qu’Hélène Berr, jeune étudiante française fille d’un polytechnicien, ingénieur des Mines, vice-président de l'entreprise Kuhlmann écrira son Journal relatant sa vie de 1942 à 1944, avant d’être arrêtée avec ses parents à leur domicile parisien, 5, rue Elisée-Reclus, le 8 mars 1944, détenue au camp de Drancy, puis déportée à Auschwitz avant d’être évacuée au camp de Bergen-Belsen, où elle mourra le 10 avril 1945.

Karine Baranes-Bénichou, fondatrice de l’association Femmes artistes et mémoire juive, qui avait déjà organisé il y a quatre ans une journée d’études à l’Université de Tel-Aviv consacrée à l’œuvre de Charlotte Salomon, Hélène Berr et Etty Hillesum, présente un éclairage de la personnalité d’Hélène Berr et de son Journal, aujourd’hui étudié dans les lycées à la fois en littérature et en histoire.

La jeune Hélène Berr a commencé à écrire son Journal le 7 avril 42, à l’âge de 21 ans, après une visite chez Paul Valéry. Elle fait alors des études de littérature à la Sorbonne, où elle se spécialise en littérature anglaise et dépose son projet de doctorat. Sa capacité d’introspection, sa grande sensibilité littéraire et sa qualité d’écriture exceptionnelle ont fait dire à Patrick Modiano, qui a préfacé le Journal, lors de sa première publication en 2008, qu’elle serait probablement devenue écrivain. « Son Journal aurait pu constituer le prélude d’une œuvre littéraire, comme c’est le cas pour de nombreuses œuvres », commente Karine Baranès, qui précise qu’Hélène Berr lisait beaucoup, notamment Tolstoï, Tchékhov, Joseph Conrad, mais aussi des auteurs anglais, dont Shakespeare et le poète romantique John Keats. Commencé dans l’enchantement, le Journal se termine par les mots « Horreur, horreur, horreur ! », écho peut-être de Macbeth ou encore de la fin du roman de Conrad Au cœur des ténèbres.

«Faire résonner le nom d'Hélène Berr le jour de la commémoration de la Shoah en Israël»

Bien qu’Hélène Berr soit souvent qualifiée d’Anne Frank française, Karine Baranès relève que son Journal est très différent de celui de la jeune adolescente allemande, Hélène étant au contraire très engagée et informée (à l’âge de 21 ans, elle a été recrutée comme assistante sociale bénévole au siège de l'Union générale des israélites de France (UGIF), et a travaillé à l'Entraide temporaire, groupe clandestin créé aux côtés du Service social d’aide aux émigrants), et démontrant une compréhension lucide des évènements. « Son Journal est à la fois une page d’histoire et un témoignage humaniste », conclut Karine Baranès-Bénichou.

Conf shoah 23 MarietteNièce d’Hélène Berr et éditrice de son Journal, Mariette Job a d’abord suivi un parcours théâtral et littéraire, avant de se consacrer entièrement à la promotion du Journal de sa jeune tante disparue. Née en 1950, elle a grandi dans une famille marquée par le silence autour de la période noire qui a précédé sa naissance. C’est à l’âge de 15 ans qu’elle apprend l’existence du Journal qu’elle ne lira vraiment que 8 ans plus tard. A l’occasion du 100e anniversaire de la naissance d’Hélène Berr, elle a codirigé un ouvrage collectif, Se souvenir d’Hélène Berr, avant que de publier le présent ouvrage Dans les pas d’Hélène Berr, qui relate la difficile genèse de la publication du Journal de sa tante. « Je vous remercie de faire résonner le nom d’Hélène Berr le jour de la commémoration de la Shoah en Israël », a-t-elle déclaré, émue.

Celle dont le nom trouve son origine dans les lettres envoyées par sa tante depuis les camps, dans lesquelles Mariette était le nom codé de Marianne, la France, retrace les 63 ans de silence qui ont séparé la découverte du Journal de sa publication en 2008, silence à la fois d’une famille et de la société. Après avoir passé en revue les étapes qui, de la publication du Journal d’Anne Frank dans les années 50 à l’ouverture du Mémorial de l’Holocauste à Berlin, en passant par le témoignage autobiographique de Primo Levi, les récits d’Eli Wiesel, les films de Claude Lanzman et le procès Eichamn, ont marqué la reconnaissance de la Shoah par la communauté européenne, Mariette Job a retracé l’histoire du manuscrit lui-même.

Briser le silence

« Personne de la famille ne savait qu’Hélène écrivait un journal », précise-t-elle dans ses réponses aux questions de Karine Baranès. Les 262 feuillets volants de papier d’écolier dédiés à son fiancé Jean Morawiecki, ont été confiés par Hélène peu avant son arrestation, à une femme de confiance de la famille Andrée Bardiau, qui le remit à son destinataire après la guerre, ainsi que son violon. Celui-ci gardera le manuscrit 50 ans dans son tiroir, et le léguera à Mariette en 1994.  Mariette qui travaille alors comme libraire chez Gallimard se met immédiatement à l’ouvrage pour le retranscrire. Elle le fera notamment lire à Simone Weill, qui déclarera qu’Hélène était son alter ego. En 2001, Mariette dépose le manuscrit au Mémorial de la Shoah, où il est tout d’abord exposé. Il sera publié pour la première fois en 2008 aux Editions Tallandier, qui accepte de n’y faire aucune retouche, et précédé d’une préface de Patrick Modiano. Il a depuis été traduit dans 27 pays. « Le succès médiatique a été immédiat », raconte Mariette. « En quelques mois nous avons vendu plus de 100 000 exemplaires ». Ce succès lui a coûté sa rupture totale avec l’ensemble de sa famille aux termes d’un procès de cinq ans. « Les personnes de ma génération, d’abord consentantes, se sont peu à peu rétractées. Elles souhaitaient protéger l’aspect familial et intime du Journal, préservant le silence autour de ces évènements. J’ai voulu privilégier l’aspect universel et faire entendre la voix d’Hélène dans le monde. Nous nous sommes nourries mutuellement elle et moi, et j’ai fauché toutes les difficultés qui ont entravé ma route, dans un seul but : donner à ce Journal l’écho qu’il mérite et assurer la transmission auprès des jeunes générations pour briser le silence ».

Conf Shoah 23 Silvia troncDans un registre très différent mais toujours sur le thème de la mémoire de la Shoah, le Prof. Silvia Adler, professeure titulaire de linguistique française au département de culture française de l'Université Bar-Ilan et membre du groupe de recherche ADARR de l’Université de Tel-Aviv, dirigé conjointement par le Prof. Stella Amossy (UTA) et le Prof. Roselyne Koren (BIU), a présenté son travail sur les analogies à visée argumentative dans les romans graphiques traitant de la Shoah. La conférence a été retransmise en zoom devant un public de chercheurs d’Italie, de Pologne et de Côte d’Ivoire, travaillant en collaboration avec le groupe ADARR.

Explorer l'indicible pour le rendre perceptible

Se fondant sur de nombreuses sources théoriques, le Prof. Adler définit l’analogie au sens large en lui incluant tout ce qui implique une similitude (exemples, métaphores etc.). Elle commence sa conférence par une présentation du roman graphique américain Mendel’s daughter de Martin Lemelman (2007), qui retranscrit les souvenirs de sa mère Gusta (« la fille de Mendel »), une des rares survivantes de la famille après la Deuxième Guerre mondiale. Celle-ci conclut un des épisodes du roman par la phrase : « Et voilà, c’est l’histoire de comment ils ont tué notre famille », le plan visuel représentant alors une souche d’arbre, tronc brisé, objet cassé qui suggère l’anéantissement de toute une famille et donc l’impossibilité de construire un arbre généalogique.

La chercheuse insiste sur le potentiel argumentatif de l’analogie visuelle, et du pouvoir de l’interaction entre les plans pictural et textuel pour exprimer une idée qui pourrait difficilement être communiquée par ces composantes prises séparément. L’objet cassé émeut les lecteurs en évoquant une idée de vulnérabilité, d’impuissance ou d’innocence. La métaphore visuelle de l’arbre amputé implique à la fois une mort non naturelle et l’anéantissement de toute une descendance. L’analogie visuelle parvient à explorer l’indicible pour le rendre perceptible.

Conf Shoah 23 Siilivia MaussL’un des exemples les plus connu de ces récits en bandes dessinées inspiré de cette période est le célèbre roman graphique Maus, de l’Américain Art Spiegelman, publié sous forme de série entre 1980 et 1991, qui transpose l’histoire de Vladek, Juif polonais rescapé d’Auschwitz qui est aussi le père de l’auteur, dans un univers animalier, où les Juifs sont représentés par des souris, les Allemands par des chats, les Polonais par des porcs, etc. Mais malgré le recours au zoomorphisme et aux clichés animaliers, les souris s’individualisent rapidement du point de vue de leur caractère, chacune représentant un monde à part.

Une étoile de shérif

La bande dessinée franco-belge, poursuit la conférencière, a largement couvert la déportation des Juifs et leur extermination systématique pendant la Shoah. Les exemples sont nombreux : Auschwitz, Deuxième génération : ce que je n’ai pas dit à mon père, Wannsee, Spirou : L’espoir malgré tout, « Si je reviens un jour » : Les lettres retrouvées de Louise PikovskyAprès la rafle : une histoire vraie, etc. Ils relèvent du devoir de mémoire et de transmission. Leur but est la lutte contre l’indifférence qui pourrait s’être développée au fil des ans, l’amnésie collective ou le déni ; ils tentent d’éveiller le sens de la responsabilité éthique de l’auditoire pour prévenir de nouveaux cas d’éruption ou de propagation de la haine, de la discrimination et de la violence.

Conf Shoah 23 Stella SilviaDans L’enfant cachée de Dauvillier et Lizano (2012), la mère de la petite Dounia coud l’étoile jaune sur le manteau de sa fille en lui faisant croire que c’est une étoile de shérif. Dounia ne se doute de rien, et est même fière au début, et c’est à l’école qu’elle découvrira le vrai sens de l’étoile cousue sur son manteau auprès d’une autre petite fille, qui la porte également. La solution proposée par les parents de Dounia repose sur la ressemblance morphologique entre les deux étoiles, analogie qui frappe les lecteurs conscients du fait qu’elles n’ont cependant pas la même valeur, l’une étant un emblème honorifique, l’autre un dispositif de discrimination. L’analogie crée donc un jugement de valeur de la part des lecteurs, sans pour autant le « dire » explicitement. Elle pose également la question, ajoute la chercheuse, de la transmission de « l’inexplicable à un être innocent dont la seule faute est d’être né à un mauvais moment de l’Histoire, ou dans une perspective plus large, comment transmettre une tragédie contraire à toute raison ? ».

La dissemblance monstrueuse

Le Prof. Silvia Adler se livre ensuite à une longue analyse de Carton jaune ! roman graphique inspiré de l’histoire réelle du boxeur tunisien Victor Perez, mort à Auschwitz. La bande dessinée relate l’histoire d’un footballeur tunisien fictif, Jacques Benzara, qui quitte Tunis pour intégrer le club de football mythique Red Star et participer à la coupe du monde de 1938 qui se déroulait en France. Benzara connaîtra une courte gloire mais son ascension sera vite stoppée par l’invasion nazie. L’œuvre, qui reproduit scrupuleusement l’ambiance authentique de la France et de la Tunisie en pleine ascension du fascisme, constitue un hommage indirect aux sportifs exterminés par les nazis à travers la collaboration du régime de Vichy.

Yom hashoah 23 bougiesLe choix du carton jaune (avertissement donné par l’arbitre à un joueur ayant commis une faute) découle de l’association entre la couleur du carton et celle de l’étoile jaune. Comme dans L’enfant cachée, l’analogie devient ici un catalyseur pour une mise en évidence de la dissemblance monstrueuse entre le prix payé par les Juifs pour leur appartenance à un groupe ethnique jugé « illégitime » et un avertissement dans le cadre d’un jeu sportif, étayant l’argument selon lequel rien n’est comparable à l’insanité de la solution finale.

Les lecteurs sont amenés à comparer les différentes étapes de l’évolution du symbole de l’étoile dans la trame narrative : reconnaissance et honneur symbolisés par l’étoile rouge à cinq branches du Red Star ; exclusion et déshonneur représentés par l’étoile jaune à six branches qui la remplace bientôt, marque de Caïn qui signe l’amputation de la gloire de Benzara. D’autres analogies visuelles apparaissent : le filet des buts versus les fils de fer barbelés du camp de Drancy; le projecteur qui éclaire les moments de gloire du joueur vs les projecteurs des miradors du camp ; toutes représentant l’opposition des notions d’honneur et de déshonneur.

Où est Anne Frank ?

Dernier exemple donné par la conférencière : Où est Anne Frank ? film d’animation du réalisateur israélien Ari Folman (2021), qui fait revivre Kitty, l’amie imaginaire à qui Anne s’adresse dans son journal intime. Le périple de Kitty lui fait aborder à la fois le thème de la montée du nazisme et de la Shoah, mais aussi des sujets d’actualité comme celui des demandeurs d’asile. Une première démarche analogique s’établit donc entre le sort des Juifs pendant la guerre et les réfugiés actuels, impliquant que le traitement de la crise migratoire actuelle va à l’encontre du message d’Anne Frank à l’humanité, et que si les crimes du passé sont irréversibles, il n’est pas trop tard pour assumer ses responsabilités au présent.

Yom Hashoah 23 scèneLa deuxième démarche analogique consiste dans une imbrication de la déportation d’Anne Frank et de sa sœur Margot à Bergen-Belsen, fin octobre 1944, dans le cadre mythique de la mythologie grecque. Selon Kitty, Anne croyait à une version de l’existence post-mortem, et elle se console en pensant qu’Anne se serait servie de son imagination pour lutter contre la peur et le désespoir lors de sa déportation. Le plan narratif évoque ainsi le royaume d’Hadès, dieu des morts et des enfers, tandis que le plan visuel décrit les déportés, dont Anne et sa sœur, dans différentes étapes qui les rapprochent de leur anéantissement. Les plans visuel et verbal s’entrecoupent dans certaines scènes: la barque de Charon devient les trains de déportations ; Cerbère, le chien à trois têtes enchaîné à l’entrée des Enfers, devient les chiens des soldats Nazis à l’entrée du camp de concentration. La comparaison est d’autant plus frappante que les lecteurs ne peuvent s’empêcher de penser à la disproportion entre mythe et réalité. Cette deuxième démarche analogie constitue une riposte au discours négationniste, en inférant le caractère fallacieux d’une analogie qui compare la Shoah à un mythe.

Selon le Prof. Adler, l’avantage le plus saillant de l’emploi de la bande dessinée ou roman graphique pour raconter la Shoah est la mobilisation du pathos de l’auditoire par l’amplification et la concrétisation, pour raviver ou apporter un éclairage nouveau à un sujet difficile qui, à force d’instrumentalisation ou en raison du renouvellement de l’actualité menace de tomber en désuétude. Les analogies permettent de mieux assimiler l’horreur et de faire ressortir la nature de la barbarie, luttant ainsi contre le phénomène de l’indifférence ou de l’insensibilité à l’égard du drame de l’Autre. Comment dire l’indicible ? C’est l’un des thèmes principaux qui ont émergés des débats sur ces romans multimodaux. Les deux présentations, par ailleurs soulèvent la question de la « réactualisation » du récit de la Shoah au nom du devoir de mémoire et de transmission.  

 

Photos:

1.  Mariette Job (à gauche) et Karine Baranès-Bénichou

2. Le Prof. Nadine Kuperty-Tsur

3. Mariette Job

4.  5. Le Prof. Silvia Adler

6.  Le Prof. Ruth Amossy et le Prof. Silvia Adler

7. 8. Commémoration du Yom Hashoah sur le campus de l'Université de Tel-Aviv

(Crédit: Université de Tel-Aviv)

 

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