Le comité du nouveau Prix Dan David, devenu le plus grand prix dans le monde dans le domaine de l’histoire a annoncé mardi 1er mars ses neuf lauréats pour l’année 2022, parmi lesquels Natalia Romik, historienne et artiste polonaise qui travaille actuellement à la recherche et la préservation des cachettes utilisées par les Juifs pendant l’Holocauste au Mémorial de la Shoah à Paris. Sont également lauréats, entre autres, un historien de l’impact environnemental des grandes entreprises et la fondatrice du Musée mobile du patrimoine africain. Les neuf gagnants recevront chacun la somme de 300 000 dollars pour poursuivre leurs travaux.
Cette année, pour marquer son 20e anniversaire, le Prix Dan David a été remodelé pour récompenser des chercheurs en début et milieu de carrière, qui mettent en lumière le passé humain de manière audacieuse et créative. Le Prix remanié a attiré des centaines de candidatures du monde entier, et les neuf gagnants ont été choisis à la suite d'un processus de sélection rigoureux. Créé par le regretté Dan David pour récompenser la recherche innovante contribuant à l’avancement de l’humanité, le prix est remis chaque année par la Fondation Dan David, dont le siège se trouve à l’Université de Tel-Aviv.
L'essence même de la recherche
« La recherche originale est la clé de l’expansion de la connaissance, elle ouvre de nouvelles opportunités à l’innovation et permet une compréhension plus profonde de ce que nous sommes », a déclaré le Prof. Ariel Porat, Président de l’Université de Tel-Aviv, lors de l’annonce du Prix. « Ces neuf lauréats exceptionnels incarnent la créativité et l’impact célébrés par le Prix Dan David. Leurs travaux portent sur des thèmes nouveaux, utilisent des sources et des méthodologies nouvelles et nous invitent à étudier le passé d’une manière nouvelle. C’est l’essence même de la recherche : ouvrir l’imagination et poser de nouvelles questions. Je félicite nos lauréats et attends avec impatience de voir où leurs recherches les conduiront, et nous avec eux ».
Les neuf lauréats sont :
Le Dr. Kimberly Welch, professeur d’histoire à l’Université Vanderbilt aux Etats-Unis, est spécialisée dans l’histoire de l’esclavage et du droit dans le sud des Etats-Unis au XIXe siècle. Elle étudie actuellement le rôle des prêteurs d’argent noirs libres dans l'économie du début du monde atlantique moderne.
Le Dr. Natalia Romik est une historienne, architecte et artiste dont les travaux portent sur la mémoire juive et la commémoration de l'Holocauste en Europe de l'Est, en particulier en Pologne et en Ukraine. Elle réalise actuellement un post-doctorat à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah à Paris, sur le thème de l'infrastructure secrète de la survie juive pendant la Seconde Guerre mondiale, l’exploration et la préservation des cachettes utilisées par les Juifs pendant l'Holocauste.
Le Dr. Kristina Richardson, professeur au Queen's College de New York, est une historienne du monde islamique médiéval et des Roms du Moyen-Orient prémoderne. Ses travaux actuel portent sur les artisans africains et asiatiques libres et non libres à Basra en Irak, au début de la période islamique.
Nana Oforiatta Ayim, fondatrice et Directrice de l’Institut des Arts et de la connaissance du Ghana (ANO) où elle a lancé une encyclopédie culturelle panafricaine et développé un projet de musée mobile, est conservatrice, écrivain, cinéaste et historienne, spécialisée dans les institutions, les expressions culturelles et les narratifs africains liés au récit du passé. Elle est actuellement conseillère spéciale auprès du ministre ghanéen du tourisme, des arts et de la culture sur les musées et le patrimoine culturel et termine un doctorat en ethnographie muséale à l'Université d'Oxford.
Le Dr. Efthymia Nikita est professeur de bioarchéologie au Centre de recherche des sciences et technologies pour l’archéologie et la culture à l’Insitut de Chypre. Elle est spécialisée dans l’étude des restes squelettiques humains de la préhistoire à la période postmédiévale, mettant l’accent sur l’étude de la santé et des maladies, l'alimentation, l'activité, la démographie et d'autres aspects importants de la vie dans le passé. Ses études traitent des pays de la Méditerranée, en particulier la Méditerranée orientale et l'Afrique du Nord. Ses recherches actuelles portent sur l’étude de la mobilité et de son impact à l'époque hellénistique et romaine.
Le Dr. Verena Krebs est professeur d’histoire de l’Ethiopie médiévale, spécialisée dans les interactions interculturelles entre l’Afrique et l’Europe, à l'Université de la Ruhr à Bochum, en Allemagne, où elle codirige également le Centre d'études méditerranéennes. Ses travaux portent sur les relations complexes entre le royaume chrétien d'Éthiopie salomonide et la chrétienté occidentale de la fin du Moyen Âge, avec un accent sur les aspects de la royauté et de la culture courtoise aux XVe et XVIe siècles. Elle espère renverser les récits traditionnels sur les relations euro-africaines, et faire la lumière sur la rencontre entre les chrétiens africains et latins à cette période de l’histoire qui est encore vue à travers le prisme de l'exploration et la colonisation européennes.
Le Dr. Tyrone McKinley Freeman est professeur d’études africaines à l'Université de l’Indiana, où il étudie l'histoire de la philanthropie afro-américaine, et chercheur au Musée national d’histoire américaine. Ses travaux portent sur la longue histoire de la notion de don dans la communauté afro-américaine et remettent en question les idées et pratiques dominantes dans le domaine de la philanthropie.
Le Dr. Bart Elmore est professeur d'histoire de l'environnement à l'Université de l’Ohio aux Etats-Unis. Il étudie le capitalisme mondial et son impact sur l'environnement. Ses travaux explorent la manière dont les grandes entreprises multinationales ont remodelé les écosystèmes à travers le monde aux 20e et 21e siècles, en s'appuyant sur le passé pour trouver des stratégies de développement économique écologiquement saines. Ses travaux l’amènent à mener des recherches dans les archives d'entreprises, des enquêtes sur le terrain et des entretiens avec des PDG, des représentants du gouvernement, des ouvriers d'usine et des agriculteurs, pour découvrir les coûts environnementaux souvent cachés associés à la production et à la distribution de certains des produits les plus utilisés au monde, comme le Coca-Cola ou l'herbicide Roundup.
Le Dr. Mirjam Brusius est chercheuse en histoire culturelle coloniale et mondiale au German Historical Institute de Londres. Elle s'intéresse à la circulation des objets et des images en Europe, au Moyen-Orient et en Asie, en particulier au « parcours » des objets de musée, leur provenance, leur destination, le sort des objets non-exposés et celui des objets rapatriés. Ses travaux actuels portent sur le mouvement des objets anciens du Moyen-Orient vers les musées occidentaux et la politique du stockage dans les musées.
Le Prix sera remis lors d’une cérémonie festive qui se déroulera en mai dans le cadre des cérémonies du Conseil des gouverneurs de l’Université de Tel-Aviv.
Photos:
1. Les neuf lauréats
2. Le Dr. Natalia Romik
3. Le Prof. Ariel Porat pendant la diffusion de l'annonce.